Huang Qiuyang : créer la beauté à partir de l'argile et de la passion

J'ai rencontré Huang Qiuyang pour la première fois à l'été 2016, alors qu'elle tenait un modeste atelier près du four Yueji. Là, elle se consacrait corps et âme à la création de céramiques, envoyant ses pièces au four chaque mois pour la cuisson. Au fil des ans, son travail a considérablement évolué, témoignant à la fois de son évolution artistique et de son attachement croissant à son art.

À l'époque, ses créations étaient d'une beauté brute et charmante, des vases à la beauté rustique, presque maladroite. Mais ce qui m'a le plus frappée, c'est sa résilience. Mère de deux enfants, Huang conciliait les exigences de l'éducation de ses enfants avec de longues heures passées à l'atelier, où elle passait 7 à 8 heures par jour à fabriquer ou à rencontrer des clients. Le travail de la céramique n'est pas une mince affaire : transporter l'argile, la pétrir, tourner les pots, sécher et tailler, tout cela exige une grande force physique. À Dehua, ce travail est souvent confié aux hommes, mais Huang s'en chargeait entièrement, portée par sa passion pour son art.

Ses premières pièces cuites au feu de bois représentaient souvent des figures d'enfants-moines espiègles, chacune affichant une expression joyeuse ou contemplative. L'alchimie imprévisible du feu et de la cendre conférait à ces œuvres un caractère onirique, presque surnaturel, invitant le spectateur à la pause et à la réflexion.

Des années plus tard, les créations de Huang ont pris un ton plus libre et plus assuré. Peut-être est-ce dû au fait que ses enfants ont grandi, allégeant ses responsabilités. Ou peut-être est-ce dû au spacieux atelier de 500 mètres carrés dans lequel elle travaille désormais, qui lui offre un espace pour expérimenter et rêver plus grand. Il y a aussi une touche de fantaisie féminine dans son travail : elle aime orner les couvercles de théières ou de bols de fleurs ou de petits animaux pincés à la main, souvent rehaussés de touches de couleur. Ces touches délicates adoucissent l'esthétique brute des céramiques cuites au bois, insufflant à ses pièces une élégance fraîche et naturelle.

Aujourd'hui, le travail de Huang transcende la lourde rusticité de ses premières pièces cuites au feu de bois. Ses créations révèlent une dextérité nouvelle, un équilibre entre une maladresse attachante et un art raffiné. Ses céramiques expriment non seulement la chaleur du travail artisanal, mais incarnent aussi sa vision unique de la vie et de la beauté.